[INTERVIEW] MALLORY WANECQUE : LA MEILLEURE DES PIRES

Comme son personnage dans LES PIRES de Lise Akoka et Romane Guéret, Mallory Wanecque a été repérée lors d’un casting sauvage en sortant du collège. Son énergie et sa spontanéité ont fait d’elle une des révélations de Cannes 2022.

Dans ce long métrage qui a gagné le prix Un Certain Regard du 75e Festival de Cannes, elle incarne Lily, une habitante d’une cité à Boulogne-sur-Mer, choisie avec trois autres jeunes pour interpréter l’un des rôles principaux d’un film en quête de réalisme.

Premier rôle au cinéma, première fois à Cannes et première interview pour la jeune Valenciennoise âgée de 16 ans, déjà impatiente de vivre de nouvelles expériences de cinéma.



Comment passe-t-on de collégienne à rôle principal d’un film présenté au Festival de Cannes ?
C’était un casting sauvage. Je sortais du collège Jules Ferry à Anzin et des membres de l’équipe étaient sur le trottoir d’en face. J’étais en train de marcher pour rentrer chez moi et ils m’ont arrêtée pour me demander si je voulais faire un film. Je ne pensais pas que c’était une proposition pour un vrai film mais plutôt pour une vidéo destinée à YouTube. Pour l’anecdote, je venais de m’embrouiller avec une fille juste avant, donc quand ils ont demandé le numéro de téléphone de ma mère, je croyais que c’était un membre de la famille de cette fille qui voulait contacter la mienne. J’ai donné mon numéro et j’ai été rappelée. Les réalisatrice m’ont montré des documents, elles ont parlé avec ma mère et après, j’ai fait des essais.


Qu’est-ce qui a plu dans ce que vous dégagiez ?

Déjà, mon caractère qui est similaire à celui de Lily, mon personnage. Je suis une fille marrante, qui parle beaucoup et hyperactive. Ensuite, mon regard dans lequel elles ont vu que je pouvais faire un truc.


Aviez-vous conscience de votre potentiel de jeu à ce moment-là ?

Non, je ne pensais pas que je pouvais réussir à faire passer des émotions.


Jusqu’à ce casting sauvage, quel était votre rapport à la comédie ?
Je n’avais pas pensé à être actrice. On m’avait déjà dit de faire du théâtre mais cela ne m’avait jamais traversé l’esprit.


Qu’aviez-vous envie d’exercer comme métier avant ce film ?
Je ne savais trop mais je voulais aller vers les métiers de la petite enfance. Je voulais faire un BAFA petite enfance mais je n’avais pas encore l’âge alors on m’a dit d’aller dans une école spécialisée et de travailler d’abord avec les personnes âgées. Je n’aurais pas pu. J’ai déjà essayé de travailler avec des personnes âgées et cela me fait un peu mal au cœur.

Mallory Wanecque par François Berthier©
Mallory Wanecque par François Berthier©


Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans cette expérience de cinéma ?

Le plus compliqué, c’est de rester naturel, d’en faire le moins possible, de ne pas surjouer et de ne pas regarder la caméra. Au fur et à mesure, cela vient tout seul, comme par automatisme. Il a fallu travailler sur tout ce qui n’allait pas. Au début, je faisais des mimiques avec mes yeux, par exemple, mais j’ai réussi à ne plus en faire.


Dans quel état d’esprit étiez-vous durant le tournage ?

Au début, j’étais stressée. Le casting et le tournage, ce n’est pas du tout la même chose. Une fois la première scène tournée, j’étais plus décontractée. Je n’ai pas été trop impressionnée par toutes les personnes autour.


Dans le film, il y a un débat sur le fait qu’un tournage dans une cité peut desservir l’image de ses habitants, tandis que certains y voient du positif. Quelle est votre opinion  ?

J’ai plutôt vécu dans de petites villes où on se connaît presque tous alors je peux comprendre les deux points de vue. Cela peut être un peu blessant quand un film se passe dans votre ville avec les gens de votre quartier… Après, cela dépend du film. Là, on montre les perles du quartier.

Mallory Wanecque par François Berthier©

À l’image de Lily, votre personnage dans le film, avez-vous déjà fait l’objet d’une mauvaise réputation ?
Pas dans le même contexte que mon personnage. Les stéréotypes font toute une réputation. Comme Lily, j’habite une petite ville où les étiquettes vous collent à la peau et vous suivent durant toute votre vie puisque tout le monde se connaît et parle beaucoup. Le bouche à oreille ! (rires).


Aimeriez-vous participer à d’autres films ?

Bien sûr ! Maintenant, j’ai envie de continuer dans ce domaine, surtout après ce passage à Cannes (rires). Sans vouloir me venter, j’ai trouvé que j’avais une facilité à apprendre et à jouer. Pour moi, c’est plus du plaisir qu’un travail.


Maintenant que LES PIRES va être de plus en plus montré, qu’appréhendez-vous ?

J’appréhende beaucoup la réaction des gens qui verront la scène où je suis dans le lit avec Loïc Pesch qui joue le rôle de Jessy. C’est une scène qui ne me choque pas particulièrement mais qui pourrait surprendre d’autres personnes.


Comment se prépare-t-on à la critique ?

Je pense qu’on ne peut pas vraiment se préparer. Il faut prendre tous les conseils qu’on nous donne.


Que peut-on vous souhaiter ?

De continuer et de faire encore des films même si je ne perce pas. J’adore me voir à l’écran ! J’ai découvert le film ici, à Cannes, et c’était plein d’émotions. C’est passé trop vite !