INTERVIEW : MARÍA MORERA
Actrice par accident, María Morera est un des personnages principaux de « Libertad » où elle se lie d’amitié avec une jeune fille qui lui est opposée en tous points. Une expérience cinématographique qui semble donner à la jeune espagnole une envie d’aller plus loin dans ce métier qui n’a pas fini de nous faire parler d’elle. Le film, premier de sa réalisatrice, Clara Roquet, a été présenté à la Semaine de la Critique 2021 et débarquera dans les salles le 6 avril 2022.
Quand avez-vous décidé de devenir actrice ?
C’est une histoire vraiment folle. Ma cousine est modèle et je voulais moi aussi être mannequin pour faire des séances photos ou peut-être de la publicité mais je n’avais que quatorze ans à l’époque et je vais loin de la grande ville alors c’était difficile. Ensuite, un ami de ma mère a envoyé un casting pour le film « La vida sense la Sara Amat ». J’ai passé le casting pour ce film même si je ne voulais pas vraiment le faire car je n’avais pas d’expérience et je n’avais jamais fait de théâtre. J’ai fini par être prise et je suis tombée amoureuse de l’industrie et de cette profession. Après ce film, j’ai commencé à prendre des cours de théâtre et l’année suivante, j’ai passé un casting pour un projet que je n’ai pas fait mais la directrice de casting à pensé à moi pour « Libertad ». Depuis, je n’ai pas cessé de travailler et je suis très contente.
Dans « Libertad », vous côtoyez Nora Navas et Vicky Peña qui sont deux grandes actrices en Espagne. Comment avez-vous abordé ces rencontres ?
J’avais une certaine pression. J’étais notamment nerveuse au début parce que je n’avais fait qu’un seul film et que j’avais que six mois de cours de théâtre à mon actif. Ensuite, lorsque j’ai rencontré Nora Navas, je l’ai trouvée fantastique. C’est une super personne. Travailler avec elle, avec Vicky Peña et Nicolle García s’est avéré facile en définitive.
Nicolle García, qui joue le personnage de Libertad, partage beaucoup de scènes avec vous. Avez-vous travaillé en duo avant le tournage ?
Nous avons fait quelques répétitions en présence de la réalisatrice pendant environ un mois et nous avons aussi beaucoup improvisé. De plus, nous habitions ensemble durant le tournage, ce qui était un peu la clé de notre relation car, le soir, nous pouvions échanger sur la journée de travail écoulée. Cela a aidé à créer la relation qu’on voit dans le film.
Il s’agissait du premier tournage de Nicolle García. Avez-vous parfois guidé ses pas ?
Nicolle découvrait effectivement beaucoup de choses pendant ce tournage. C’était même la première fois qu’elle se rendait en Espagne. C’était aussi impressionnant pour elle de rencontrer autant de nouvelles personnes. Sur ce point, j’étais un peu plus à l’aise, à l’inverse de mon personnage dans le film. C’était comme si nos rôles attitrés étaient inversés dans la vie (rires).
Nora, votre personnage dans le film, a une fascination pour celui de Libertad. Avez-vous déjà été fascinée par quelqu’un de la sorte ?
Oui et je pense que cela peut arriver à n’importe qui. Dans mon cas, c’est arrivé à trois ou quatre reprises. Les personnes qui me fascinent vont m’attirer par leur look, leur personnalité, leur façon de s’exprimer et de bouger et c’est exactement le genre de fascination qu’a Nora pour Libertad. Nora vit dans une bulle que sa mère a créée pour elle et elle aimerait s’en échapper tandis que Libertad semble avoir le monde à ses pieds. J’avais cette même fascination envers Laura Jou, la réalisatrice du premier film que j’ai fait, « La vida sense la Sara Amat », et je l’ai encore aujourd’hui. C’est captivant de l’entendre parler. Elle est super intelligente. Je n’arrive pas à l’expliquer avec des mots.
Laquelle de Libertad ou de Nora est la plus malheureuse, d’après vous ?
Je ne veux pas tomber dans des stéréotypes parce que c’est un film qui parle de conditions sociales, de problèmes d’argent, de racisme et d’un tas d’autres choses, mais je crois que Libertad est la plus malheureuse car elle a goûté a une liberté qu’on lui retire alors que Nora a toujours été dans sa bulle. Peut-être qu’elles sont toutes les deux aussi malheureuse, finalement…
Êtes-vous aussi réservée que votre personnage dans le film ?
Non, j’ai pas la timide de Nora. Ce personnage éprouve le besoin de s’exprimer et de rompre un peu avec sa famille afin de se trouver. Je pense que tout le monde a connu cela, moi y compris.
Les personnages masculins du film sont au second plan. Peut-on parler de film féministe ?
C’est un film réalisé par une femme qui était entourée d’une majorité de femmes à la technique donc il a une touche de féminité mais je ne sais pas vraiment s’il est féministe.
« Libertad » est un film de vacances qui se déroule en plein été. Préférez-vous passer vos vacances en famille ou entre amis ?
J’aime évidemment ma famille mais je suis à un âge où mes amis sont aussi ma famille donc je préférerais passer mes vacances avec eux.
Quelle image aviez-vous de Cannes avant de vous y rendre ?
Je n’avais pas d’image particulière en tête. La Semaine de la Critique est apparemment une section un peu plus informelle mais lorsque je remonte le boulevard de la Croisette, c’est la folie ! Je suis reconnaissante d’être à Cannes avec un film. C’est un rêve !