[Dossier] Cannes 2024

Le 77e Festival de Cannes, tenu du 14 au 25 mai 2024 au Palais des Festivals, a une fois encore affirmé son statut de rendez-vous incontournable du cinéma mondial. Sous la présidence du jury de la réalisatrice américaine Greta Gerwig – première femme à occuper ce rôle depuis Cate Blanchett en 2018 –, cette édition a brillé par sa diversité, son audace et ses moments marquants, tant sur le plan artistique que sociétal.
Une sélection officielle éclectique
La compétition officielle a réuni 22 longs-métrages, reflétant un panorama riche du cinéma contemporain. Parmi les temps forts, ANORA de Sean Baker a remporté la Palme d’or, une consécration pour ce film américain mêlant comédie et drame, centré sur la liaison tumultueuse entre une escort-girl et le fils d’un oligarque russe. Sean Baker, salué pour sa vision singulière, a dédié son prix aux travailleuses du sexe et plaidé pour la survie des salles de cinéma.
La Caméra d’or, récompensant un premier film, est allée à ARMAND de Halfdan Ullmann Tøndel.
Le Grand Prix est revenu à ALL WE IMAGINE AS LIGHT de Payal Kapadia, une fresque intimiste sur trois générations de femmes indiennes, marquant la première fois qu’une réalisatrice indienne atteint un tel niveau à Cannes.
Jacques Audiard a également brillé avec EMLIA PÉREZ, qui a décroché le Prix du Jury ainsi que le Prix d’interprétation féminine, partagé par ses actrices Selena Gomez, Zoe Saldaña, Karla Sofía Gascón et Adriana Paz. Ce mélodrame musical audacieux, mêlant narco-trafic et quête identitaire, a confirmé le talent du cinéaste français pour réinventer les genres.
Le Prix de la mise en scène a été attribué à Miguel Gomes pour GRAND TOUR, une œuvre poétique et contemplative saluée pour sa beauté formelle. Jesse Plemons a reçu le Prix d’interprétation masculine pour son jeu dans KINDS OF KINDNESS, et la française Coralie Fargeat le Prix du scénario pour THE SUBSTANCE, thriller horrifique qui a fait frissonner la salle.
Un moment fort fut la présence de Mohammad Rasoulof, qui, après avoir fui l’Iran sous la menace d’une peine de prison, a présenté LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE. Son film, un huis clos familial et politique, a reçu un Prix spécial du jury et une ovation de 12 minutes, symbolisant un acte de résistance artistique face à la répression.
Un Certain Regard et les sections parallèles
La section Un Certain Regard a mis en lumière des talents émergents, avec le Prix Un Certain Regard décerné à BLACK DOG de Guan Hu, un drame chinois poignant.
Louise Courvoisier, avec son premier film VINGT DIEUX, a remporté le Prix de la Jeunesse, offrant une vision lumineuse et authentique de la jeunesse rurale dans le Jura français.
À la Quinzaine des Cinéastes, LES PISTOLETS EN PLASTIQUE de Jean-Christophe Meurisse, inspiré de l’affaire Dupont de Ligonnès, a clôturé la section avec son humour noir décalé.
La Semaine de la Critique a vu le Grand Prix aller à SIMÓN DE LA MONTAÑA de Federico Luis, un film argentin porté par des acteurs en situation de handicap mental.
Des moments historiques et engagés
Le festival a été marqué par des hommages prestigieux. Meryl Streep a reçu une Palme d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture, animée par Camille Cottin, tandis que George Lucas a été honoré lors de la clôture, recevant son prix des mains de Francis Ford Coppola. Studio Ghibli a également été célébré avec une Palme d’honneur, une première pour une entité collective, soulignant l’impact du cinéma d’animation japonais.
Sur le tapis rouge, la flamme olympique a fait une apparition symbolique le 21 mai, portée par des athlètes comme Marie-José Pérec, en prélude aux Jeux de Paris 2024. Par ailleurs, le court-métrage MOI AUSSI de Judith Godrèche, projeté en ouverture d’Un Certain Regard, a ravivé le débat sur les violences sexuelles dans le cinéma français, amplifiant la portée du mouvement #MeToo.
Cannes, miroir du monde
Avec 39 000 festivaliers, des projections pleines à craquer et une météo clémente (malgré une averse le soir de la clôture), cette 77e édition a tenu ses promesses. Entre glamour hollywoodien, prises de risque arty et échos des luttes actuelles, Cannes reste ce lieu unique où le cinéma se réinvente.
Rendez-vous ici pour le palmarès complet.
En attendant la prochaine édition, nous vous invitons à découvrir nos films coups de cœur de cette session 2024, toutes sections confondues, à travers nos interviews suivantes en cliquant sur les noms de chaque talent pour y accéder :
- COMPÉTITION : Interview du réalisateur Magnus Von Horn pour LA JEUNE FEMME À L’AIGUILLE
- CANNES PREMIÈRE : Interview du compositeur Flemming Nordkrog pour EVRYBODY LOVES TOUDA
- SÉANCE SPÉCIALE : Interview de la réalisatrice Yolande Zauberman pour LA BELLE DE GAZA
- UN CERTAIN REGARD : Interview de la réalisatrice Louise Courvoisier pour VINGT DIEUX (Prix de la Jeunesse)
- LA SEMAINE DE LA CRITIQUE : Interview de l’acteur Amaury Foucher pour LA PAMPA (long métrage en compétition)
- LA QUINZAINE DES CINÉASTES : Interview du réalisateur Jean-Christophe Meurisse pour LES PISTOLETS EN PLASTIQUE (film de clôture)
- ACID : Interview de la réalisatrice Camila Beltrán pour MI BESTIA